Vous êtes un professionnel qualifié et vous envisagez d’immigrer en Australie via un visa de travail ou de résidence permanente (Subclass 189, 190, 491, 482, etc.) ? Alors, l’évaluation des compétences (Skills Assessment) est l’étape la plus critique — et souvent la plus complexe — de votre parcours migratoire.
Ce processus obligatoire a pour but de prouver que vos diplômes, votre expérience professionnelle et vos qualifications sont équivalents aux standards australiens pour le métier que vous souhaitez exercer. Sans un résultat positif, aucune demande de visa qualifié ne sera acceptée.
Dans ce guide complet, nous vous expliquons tout ce que vous devez savoir : les organismes compétents, les modèles d’évaluation, les documents requis, les coûts, les délais, et surtout, les erreurs à éviter absolument.
1. Qu’est-ce que le Skills Assessment et pourquoi est-il crucial ?
Le Skills Assessment est un rapport officiel délivré par un organisme d’évaluation désigné par le gouvernement australien, appelé Skills Assessing Authority (SAA). Ce rapport atteste que vous possédez les compétences, les connaissances et l’expérience nécessaires pour exercer légalement votre profession en Australie.
Pourquoi est-ce indispensable ?
- C’est une condition obligatoire pour soumettre une demande de visa qualifié (Skilled Visa).
- Il détermine si votre expérience professionnelle est comptabilisée dans le calcul des points pour le système de points australien.
- Il influence directement votre éligibilité aux listes de métiers qualifiés (MLTSSL, STSOL, ROL).
Contrairement à une simple reconnaissance de diplôme, le Skills Assessment peut inclure :
- Des vérifications approfondies de vos expériences professionnelles,
- Des entretiens techniques,
- Des tests pratiques ou théoriques,
- Ou la soumission de rapports détaillés (comme le CDR pour les ingénieurs).
2. Quel organisme d’évaluation (SAA) est compétent pour votre métier ?
Chaque profession inscrite sur les listes australiennes de métiers qualifiés (MLTSSL, STSOL, ROL) est associée à un seul et unique organisme d’évaluation. Il est essentiel de contacter le bon SAA — utiliser le mauvais organisme entraînera un rejet immédiat de votre dossier.
Pour identifier le bon organisme, consultez toujours la liste officielle du Département australien des Affaires Intérieures et vérifiez le code ANZSCO de votre métier.
Organismes d’évaluation les plus courants (2025)
| Profession ciblée | Organisme d’évaluation (SAA) | Type de métier |
|---|---|---|
| Ingénieurs (civil, mécanique, électrique, etc.) | Engineers Australia (EA) | Professionnel hautement qualifié |
| Développeurs, analystes IT, ingénieurs logiciels | Australian Computer Society (ACS) | Professionnel hautement qualifié |
| Chef cuisinier, plombier, électricien, mécanicien auto | Trades Recognition Australia (TRA) | Métiers manuels et techniques |
| Managers, consultants, marketeurs, RH, administrateurs | VETASSESS | Professionnel généraliste |
| Comptables, auditeurs, fiscalistes | CPA Australia, CA ANZ, ou IPA | Professionnel hautement qualifié |
| Infirmiers, infirmiers spécialisés | Australian Nursing & Midwifery Accreditation Council (ANMAC) | Santé (avec enregistrement obligatoire) |
Piège fréquent : Ne supposez jamais que votre métier relève d’un organisme donné. Par exemple, un « data analyst » peut relever de l’ACS ou de VETASSESS selon les tâches réelles exercées. Vérifiez toujours le code ANZSCO exact de votre profession.
3. Les trois grands modèles d’évaluation des compétences
Les méthodes d’évaluation varient selon le métier et l’organisme. Voici les trois approches principales utilisées en 2025 :
A. Modèle « Déduction d’expérience » (ACS, VETASSESS)
Utilisé principalement pour les professions tertiaires (IT, finance, marketing, gestion), ce modèle évalue la pertinence de votre diplôme par rapport au métier ciblé :
- Diplôme hautement pertinent (ex. : Master en informatique pour un développeur) → L’organisme « déduit » 2 à 4 ans d’expérience comme équivalents à la formation manquante.
- Diplôme partiellement pertinent → Déduction de 5 à 6 ans d’expérience.
- Diplôme non pertinent → Votre expérience peut ne pas être comptabilisée du tout.
Exemple concret avec l’ACS :
Vous avez un Master en informatique (hautement pertinent) et 5 ans d’expérience. L’ACS déduit 2 ans → Vous obtenez 3 ans d’expérience qualifiée, utilisables pour le calcul des points visa.
B. Modèle « Reconnaissance internationale » (Engineers Australia)
Engineers Australia s’appuie sur les accords internationaux d’accréditation :
- Washington Accord : pour les diplômes d’ingénieur (Bachelor).
- Sydney Accord : pour les diplômes de technicien ingénieur.
- Dublin Accord : pour les diplômes d’assistant technique.
Si votre diplôme provient d’un pays signataire (France, Canada, Royaume-Uni, etc.), l’évaluation est souvent simplifiée.
Si ce n’est pas le cas, vous devrez rédiger un CDR (Competency Demonstration Report) : un document de 10 à 20 pages comprenant trois récits de projets professionnels, une synthèse de carrière et une déclaration de continuité. Ce processus exige rigueur, précision et conformité stricte aux lignes directrices d’EA.
C. Modèle « Vérification de métier » (TRA – Métiers spécialisés)
Pour les métiers manuels (plombier, électricien, cuisinier, etc.), TRA utilise un processus en 2 à 3 étapes :
- Vérification documentaire : diplômes, contrats, lettres d’employeur, fiches de paie.
- Évaluation technique : entretien en visioconférence avec un expert australien qui évalue vos compétences pratiques.
- Job Ready Program (JRP) (si applicable) : stage supervisé en Australie pour certains métiers.
Important : Un Skills Assessment positif ne vous autorise pas à travailler ! Vous devrez ensuite obtenir une licence professionnelle auprès de l’État ou du Territoire où vous souhaitez exercer (ex. : licence d’électricien en Nouvelle-Galles du Sud).
4. Documents requis pour votre dossier de Skills Assessment
Chaque SAA a ses propres exigences, mais voici les documents universellement demandés :
Documents obligatoires (liste de base)
| Document | Exigences spécifiques |
|---|---|
| Preuve d’identité | Passeport biométrique (pages d’identité et de visa si applicable) |
| Diplômes et relevés de notes | Copies certifiées conformes + traduction officielle par un traducteur NAATI |
| Preuves d’expérience professionnelle | Lettres d’employeur sur papier à en-tête, détaillant : dates, statut (temps plein/partiel), tâches quotidiennes alignées sur le code ANZSCO |
| Contrats de travail et fiches de paie | Pour corroborer les lettres d’employeur (surtout pour TRA et VETASSESS) |
| Preuve de niveau d’anglais | IELTS, PTE Academic, TOEFL iBT (certains SAA exigent un score minimum, même si le visa ne le demande pas) |
💡 Conseil pro : Les lettres d’employeur doivent reprendre les tâches exactes du code ANZSCO. Une lettre générique comme « travail sérieux et compétent » sera rejetée.
5. Coûts, délais et erreurs fréquentes à éviter
Planifier votre Skills Assessment implique de comprendre les coûts, les délais et les pièges courants.
Tableau comparatif : Coûts et délais (2025)
| Organisme | Coût approximatif (AUD) | Délai de traitement |
|---|---|---|
| ACS (IT) | 500 – 800 AUD | 4 à 8 semaines |
| VETASSESS (niveau professionnel) | 900 – 1 200 AUD | 8 à 12 semaines |
| Engineers Australia (CDR) | 750 – 1 200 AUD | 10 à 16 semaines |
| TRA (métiers spécialisés) | 1 200 – 2 200 AUD | 3 à 6 mois |
| ANMAC (infirmiers) | 650 – 900 AUD | 4 à 10 semaines |
Top 3 des erreurs qui entraînent un refus
- Lettres d’employeur trop vagues : Elles doivent détailler vos tâches quotidiennes en lien direct avec le code ANZSCO. Évitez les formulations comme « bon employé » ou « travail d’équipe ».
- Niveau d’anglais insuffisant : Certains SAA (comme TRA) exigent un IELTS General ≥ 5.5 ou PTE ≥ 42, même si votre visa ne le demande pas.
- Documents non certifiés : Tous les documents doivent être certifiés conformes par un notaire, un avocat, ou un Justice of the Peace (JP). Les copies simples ou non traduites par NAATI seront rejetées.
Conclusion : Votre Skills Assessment, la clé de votre immigration en Australie
L’évaluation des compétences n’est pas une simple formalité : c’est le fondement de votre dossier migratoire. Un rapport positif ouvre la porte aux visas qualifiés, au calcul des points, et à une carrière professionnelle légitime en Australie.
Prenez le temps de :
- Identifier le bon organisme (SAA) pour votre métier,
- Préparer des documents impeccables et alignés sur les exigences ANZSCO,
- Respecter les délais et budgéter les coûts à l’avance.
Besoin d’aide ? Consultez un agent d’immigration agréé (MARA) ou un consultant spécialisé dans votre domaine. Une erreur dans cette étape peut retarder votre projet de plusieurs mois — voire l’annuler.
