Australie 2025 : des frais plus chers et moins de places pour les étudiants étrangers

Un nouveau plan controversé avant les élections fédérales
À l’approche des élections fédérales du 3 mai, la Coalition australienne a dévoilé une proposition audacieuse visant à restreindre l’arrivée des étudiants internationaux. Ce plan prévoit de limiter le nombre d’inscriptions annuelles à 240 000, soit 30 000 de moins que le plafond proposé par le Parti travailliste.
L’objectif ? Réduire la pression sur le marché du logement, particulièrement dans les grandes villes comme Sydney et Melbourne, en freinant la croissance rapide de la population étudiante étrangère.
Quotas stricts pour les universités publiques et privées
Selon cette proposition :
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Les universités publiques ne pourraient pas accueillir plus de 115 000 étudiants internationaux par an.
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Les établissements privés et non-universitaires pourraient inscrire jusqu’à 125 000 étudiants.
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À partir de l’année prochaine, les étudiants internationaux ne devraient représenter que 25 % des effectifs totaux dans les universités publiques.
Ces restrictions ne s’appliqueraient pas aux universités privées ni aux instituts de formation professionnelle (TAFE).
Un discours axé sur l’accès au logement
Depuis un chantier immobilier à Melbourne, Peter Dutton, chef de l’opposition, a défendu ce plan en mettant l’accent sur l’accessibilité au logement :
« Je veux m’assurer que les jeunes Australiens puissent accéder à un logement. C’est notre priorité principale », a-t-il déclaré.
Hausse des frais de visa : jusqu’à 5 000 $ par demande
Autre mesure phare : une augmentation significative des frais de visa étudiant.
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Les étudiants postulant dans les universités du Group of Eight (Université de Sydney, Université de Melbourne, ANU…) devraient s’acquitter de 5 000 $ de frais de demande.
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Les autres candidats paieraient 2 500 $.
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En cas de changement d’établissement, des frais supplémentaires de 2 500 $ seraient imposés.
Cette initiative vise à freiner la mobilité excessive entre institutions et à renforcer la régulation.
Une politique critiquée par le secteur universitaire
L’organisation Universities Australia, représentant les 39 universités publiques du pays, a vivement critiqué cette proposition. Son directeur général, Luke Sheehy, alerte :
« Les étudiants internationaux injectent plus de 50 milliards de dollars dans l’économie australienne et soutiennent plus de 250 000 emplois. »
Réduire ce flux aurait des conséquences lourdes : moins de financement pour les étudiants australiens, moins d’innovations en recherche, et une perte de compétences précieuses pour l’économie du pays.
Contexte actuel et chiffres clés
Selon les données du gouvernement, environ 315 000 étudiants internationaux ont commencé un cursus en 2024 dans l’enseignement supérieur et la formation professionnelle.
En 2023, la Coalition s’était déjà opposée au projet de loi du gouvernement travailliste visant à instaurer des plafonds, rejoignant les Verts pour le rejeter.
Une mesure jugée inefficace contre la crise du logement
Certains experts et chercheurs dénoncent un manque de fondement dans le lien établi entre les étudiants étrangers et la crise du logement.
Une étude de l’Université d’Australie-Méridionale (University of South Australia) n’a trouvé aucune corrélation directe entre le nombre d’étudiants étrangers et les loyers.
Réponse du gouvernement travailliste
Le gouvernement actuel, par la voix de la ministre des Affaires étrangères Penny Wong, défend sa propre approche :
« Nous avons mis en place une politique pour mieux gérer le nombre d’étudiants étrangers. M. Dutton s’y est opposé. »
Le ministre de l’Éducation, Jason Clare, a été encore plus direct :
« L’an dernier, l’arrogance de Peter Dutton a tué les plafonds pour les étudiants étrangers… et sa crédibilité avec. Ce qu’il propose aujourd’hui n’est pas un vrai plafond, c’est un leurre. »
Un enjeu majeur pour l’immigration et l’économie australienne
Tant la Coalition que le Parti travailliste souhaitent ramener les niveaux d’immigration à ceux d’avant la pandémie. Dans ce contexte, l’éducation internationale reste un levier stratégique majeur dans les débats sur l’économie, la population et le logement.
Ce projet de la Coalition pourrait bien transformer en profondeur le visage de l’éducation en Australie et redéfinir la place des étudiants étrangers dans la société australienne.